Folles coches
Extrait de Folles coches, mon deuxième roman, publié en 2010 aux Editions Mutine. Suivi de quelques articles de presse.
Cliquez sur l'image vidéo en bas de page pour une lecture accompagnée de musique (David Lynch and Lykke Li, I'm waiting here).
Extrait :
Elée commanda à Maxime une bouteille de bourbon. Celui-ci, embarrassé, grommela quelques mots en essuyant d'un geste machinal la table qui n'en avait pas besoin :
- On pourrait commencer par un verre, commissaire...
Elée regarda le barman d'un air glacial.
- Je crois que je parle français, Oxymore. Tu as quelque chose contre l'hyperbole ?
- J'ai quelque chose contre ses effets. L'exagération produit la démesure. Vous savez ce que les Grecs pensent de la démesure ?
- Je m'en fous.
- Vous avez tort. Elle est la cause de tous les maux humains.
- Tu ne manques pas d'air. Comment concilies-tu tes préoccupations morales et ton travail, Maxime ?
- En prônant la mesure. Lorsque cela ne suffit pas, je cesse de servir le client.
- Et tu l'envoies dans un autre bistrot ?
- Je lui conseille de rentrer chez lui. Et de parler avec sa femme.
- Et s'il n'a pas de femme ?
- Maxime désigna la scène chichement éclairée où, dans quelques minutes, s'activeraient les artistes nocturnes du Philéas Bar.
- Je lui en propose une pour quelques heures. Le temps qu'il retrouve ses esprits.
- Et qu'elle vide son portefeuille.
- Il faut savoir classer les problèmes, commissaire. Comme le disait l'homme du square, celui des Pensées, certaines choses ne peuvent être rapprochées car elles sont incomparables...
- Tu parles de l'être humain et de sa supposée valeur marchande ?
- Non. Du coût dérisoire d'une petite turlute comparé aux effets ravageurs de la dépression nerveuse.
Maxime s'éloigna sur ces mots, laissant Jules rêveur.